Discours de Michèle D. Pierre-Louis à l'occasion de la commémoration du 15ème anniversaire du séisme de 2010

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12 janvier 2010

12 janvier 2025

Chaque année, FOKAL commémore à sa manière l'anniversaire du tragique séisme survenu le 12 janvier 2010. Ce moment de recueillement est l’occasion de rendre hommage non seulement aux victimes, mais également à la résistance et à la force de notre peuple. Nous en profitons pour vous partager l’intégralité du discours prononcé par la Présidente de la Fondation, Mme Michèle Duvivier Pierre-Louis.

Rasanble, Sonje, Espere

Quinze ans depuis qu’en quelques secondes la capitale et ses villes satellites sont détruites, le séisme emportant dans son sillage des centaines de vies humaines. C’est pour elles que nous commémorons encore une fois, pour que leur disparition ne sombre pas dans l’oubli. Lorsque l’on donne de la valeur à la vie, à toute vie, à toute dignité humaine, l’absence définitive ne peut être vécue que comme une perte, surtout lorsqu’elle advient au cours de circonstances tragiques, et même lorsque le temps permet d’en faire le deuil.

Nous, celles et ceux qui ont été épargnés, nous avons été témoins de la catastrophe. Le jour même et dans les jours qui ont suivi, nous avons parcouru les rues et pris la mesure de la dévastation. Sans trop nous faire d’illusions, nous avons cru la reconstruction possible, même partiellement. Il n’en fut pas grand chose.

C’est donc dans cette capitale à demi en ruines, que nous vivons aujourd’hui une catastrophe d’une autre nature, encore plus dévastatrice dans son intensité meurtrière. Il y a quinze ans, nous évoquions la catastrophe naturelle, même si nous savions que l’étendue des dégâts n’avait rien de seulement naturel. Mais aujourd’hui, comment nommer ce qui nous arrive?

Consignées à résidence, des quartiers entiers nous sont interdits, et notre périmètre de circulation se limite à quelques rues, jadis espaces publics déjà lieux d’échanges divers dorénavant marchandisés de manière hyperbolique nan chache lavi de personnes déplacées, en plus d’être sous contrôle arbitraire de barrières d’accès, fermées à partir de certaines heures du soir ou de la nuit. Le projet de destruction ne semble pas avoir de cran d'arrêt. Les complicités ici et ailleurs, les trafics en tous genres, les marchandages, les luttes de pouvoir, et le niveau d’horreur produit par la violence qui s’exerce tous les jours, rendent toute lisibilité indéchiffrable quant à la finalité de ce qui nous arrive.

Mais nous sommes là, réunis une nouvelle fois pour que le souvenir demeure, pour que ce regard que nous portons sur le passé nous laisse encore la possibilité d’imaginer, de croire qu’aujourd’hui, demain, après-demain, et les jours qui suivront, nous pourrons continuer à donner un sens à notre vie, dans notre travail, dans la lecture de textes qui affinent notre esprit critique, les projets d’écriture, de création, les rêves d’action collective qui arrivent à imprimer de nouvelles possibilités d’appréhender la complexité de notre vivant et d’agir en conséquence. C’est notre part de rêve et nous devons y croire. La puissance de notre imagination nous permet de garder un regard ouvert sur ce qui advient.

Jodi a tankou chak 12 janvye nou pa bliye. Rasanble, sonje, espere. Nou rasanble pou nou sonje pwòch nou yo ki peri nan katastròf la, men nou sonje tou tout sitwayèn ak sitwayen ki nan ane ki sot pase yo jis jounen jodi a, pèdi lavi, pèdi byen yo, ki sibi tout kalite abi, ki nan kouri toupatou nan kapital la ak pwovens yo. Yo nan lespri nou tou, se poutèt yo tou nou rasanble pou nou sonje, pou nou espere.

M ta renmen seremoni sa, kote jèn atis nou yo chante, li pwezi, m ta renmen nan kè nou chak ki la nou gen yon panse pou tout popilasyon sa, espesyalman pou timoun yo, pou enjistis fanmi yo, espesyalman manman yo, pou sa yap viv nan kò yo ak lan nanm yo. Pou nou kontinye espere.

Yon gwo mèsi pou nou tout ki vin pataje moman sa avè nou. Mèsi tou pou tout moun ki patisipe nan reyalizasyon seremoni a. Kòm pawòl jodi a kout, m vle site kèk non: Lorraine, Michèle, Gary, Babette, Sacha, Edmonde, Myriam, Mike, Johanne, Doudou, ak tout lòt staf la. Mèsi tou pou atis yo, Vanessa, Charline, Néhémie, Kerby, Jemps, Cisco, tanbourinè ak tanbourinèz yo, ak ekip teknisyen yo. Ayibobo pou nou tout. Mèsi anpil.

Michèle Duvivier Pierre-Louis
Présidente de FOKAL

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